ŒUFS PLEIN AIR DU MAINE LABEL ROUGE
« Toc, toc, toc… » Valérie attend deux secondes et tend l’oreille. « Cot, cot, cot », lui répondent ses poules. « Je les préviens pour ne pas les prendre par surprise. » Valérie Delaunay pousse alors la porte et entre dans son poulailler pour son premier tour du matin. Il est 7H30. « Ce moment-là est le plus important de la journée pour moi.
Je fais tout le tour, m’assure qu’elles ont bien eu leur premier repas de 6H30 et qu’elles sont bien en train de pondre. » Avec son petit seau elle ramasse aussi les quelques œufs qui auraient été pondus directement au sol.
« Une fois que j’ai fait ce premier tour, je suis rassurée. Je sais que la nuit s’est bien passée et que mes poules sont en bonne santé. »
Valérie élève des poules pondeuses dans le Nord Mayenne, en bordure du Parc Naturel Régional de Normandie, dans l’ancienne province du Maine. Valérie est installée ici avec son mari Julien et leurs deux enfants, à Bignon, juste à côté de Lassay-Les-Châteaux. Les vergers de pommiers à cidre et calvados entourent ce petit hameau qui accueille 15 habitants à l’année.
On y retrouve les maisons typiques en pierre de grain, ces roches grises jointées de chaux blanche ainsi que l’ancien logis seigneurial avec sa tour massive. Les parents de Julien, vivent ici aussi. Ils ont transmis leur ferme à Julien mais continuent à produire du cidre, du calvados et du pommeau avec les pommes issues des 3 ha de vergers haute-tige traditionnels qui entourent le hameau.
Retour au poulailler pour le ramassage à la main des œufs que les poules ont pondu le matin même dans des nids où elles se rendent seules.
Julien cultive des céréales (blé, colza et maïs), élève des taurillons et des poulets de chair. Valérie, elle, a décidé de rejoindre Julien à la ferme il y a deux ans. Elle a quitté son emploi de secrétaire dans une imprimerie pour se lancer dans l’élevage de poules pondeuses. Une vie que Valérie s’est choisie : « Une chose nous tenait à cœur : on voulait faire un produit de qualité. »
Après sa première tournée de vérification, Valérie peut alors enchaîner le reste de sa journée dont la prochaine étape se déroule plutôt à la maison, à quelques pas du poulailler où elle va préparer et emmener à l’école ses deux garçons, Baptiste et Antonin, qui ne manquent pas une occasion de venir faire un tour parmi les volailles quand ils ne vont pas à l’école. « C’est l’avantage des poules pondeuses, c’est compatible avec la vie de famille. »
Retour au poulailler pour le ramassage à la main des œufs que les poules ont pondu le matin même dans des nids où elles se rendent seules.
Valérie ramasse tous les œufs à la main. Elle vérifie qu’il n’y ait pas de coquille cassée puis les dépose sur des plateaux, la pointe en bas, pour ne pas écraser la poche d’air de l’œuf qui aide à la conservation.
« C’est mon moment préféré ! C’est vraiment un plaisir, on récolte le fruit de notre travail. En plus les œufs sont encore tout chauds, c’est agréable. Souvent Julien me rejoint. On fait ça ensemble, on fait une pause café et je lui raconte mes histoires de poules… »
Valérie rigole et Julien confirme en levant les yeux au ciel ! C’est vrai que ce n’est pas donné à tout le monde de travailler avec son conjoint au quotidien. Mais, pour ces deux–là, ça à l’air de bien se passer. « On apprécie le travail à deux. On est complémentaires. C’est bénéfique pour le travail, pour notre vie de famille et notre couple », explique Valérie.
En milieu de matinée, les œufs sont presque tous ramassés, les poules ont presque toutes pondu. Un dernier coup d’œil dans le poulailler. Les poules se dressent sur leurs perchoirs ou se pressent près des portes. Elles le sentent, c’est l’heure de sortir. Valérie ouvre la porte à ses « cocottes » et se poste à la sortie pour observer leur comportement.
A 16h, les volailles reçoivent aussi des coquilles d’huîtres pour leur apporter le calcium nécessaire à la formation de la coquille des œufs.
« Ça me permet de contrôler leur bien-être. » Les voilà qui s’avancent vers l’herbe verte des 5 ha de parc qu’elles vont passer la journée à arpenter et à fouiller pour en dévorer les vers de terre, les insectes et l’herbe qui y pousse au naturel sans traitement. Le parc est parsemé d’arbres en devenir que Valérie et Julien ont plantés ces deux dernières années, de quoi assurer de l’ombre aux poules, un abri en cas de pluie et soutenir la biodiversité.
Valérie les accompagne un peu dans le parc, les volailles la suivent de près. « Elles me collent tout le temps ! Elles sont vraiment rigolotes. Je les trouve très expressives aussi et très sociables. » Elle marque une pause, sourit, puis nous glisse : « On est heureux de voir nos volailles heureuses et aller librement en plein air. »
Elle les laissera ainsi gambader librement tout le reste de la journée. Un nouveau repas à base de céréales 100% françaises leur sera donné dans l’après-midi. Un mélange de maïs, tournesol, blé, lin, dont une partie est même produite sur la ferme par Julien. A 16h, les volailles reçoivent aussi des coquilles d’huîtres pour leur apporter le calcium nécessaire à la formation de la coquille des œufs.
Les poules sont libres d’entrer et sortir jusqu’à la tombée du jour. Valérie reviendra quand même régulièrement pour s’assurer que tout va bien et ramasser les derniers œufs. Elle en rapportera d’ailleurs quelques-uns à la maison pour cuisiner une omelette, un gâteau ou des crêpes pour sa famille. « Ou les trois à la fois ! On mange beaucoup plus d’œufs depuis qu’on les produit. Ils sont tellement doux et ils ont une si belle couleur jaune, c’est parfait pour les gâteaux ! Et moi je prends encore plus de plaisir à cuisiner mes œufs. »
Dernière tâche de la journée pour Valérie : « Attendre que le soleil se couche sur la campagne du Maine pour pouvoir fermer les portes du poulailler et mettre mes cocottes à l’abri du renard pour la nuit. » L’éleveuse peut alors sereinement se laisser aller au sommeil avant une nouvelle journée auprès de ses poules.