Aux confins des Alpes de Haute Provence, à la limite des Hautes Alpes, se blottit la vallée du Grand Vallon. Pour y accéder, nous parcourons le pays Sisteronais, dépassant sa célèbre citadelle et le barrage de Serre-Ponçon. Le long de la route qui nous mène au village de la Motte du Caire, un épais ruban végétal de pins recouvre des versants de marnes, cette roche noire friable. Nous découvrons peu à peu le fond de la vallée tapissé de vergers. Ce jardin d’Eden est l’un des terroirs ancestraux de la pomme Golden.

 

Les champs de pommiers de Cédric Massot se trouvent au pied de la crête du Jalinier, à près de 700 mètres d’altitude. C’est ici que depuis deux cent ans sa famille produit le « fruit défendu ». Cette situation géographique particulière confère à la Golden un goût et un visuel que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. A cette altitude, les fruits doivent s’adapter aux conditions climatiques d’exception : des nuits alpines particulièrement fraîches, certains hivers jusqu’à moins quinze, contrastant avec plus de trois cents journées provençales très chaudes et ensoleillées.

 

Habitués à la couleur dorée de celles qui portent merveilleusement leur nom, nous sommes surpris de les trouver parées d’une face rosée. « Il n’y a qu’ici qu’elles portent ces couleurs entre l’or et le rose. C’est la très grande amplitude thermique et le fort ensoleillement qui provoquent ces variations. Et ça joue aussi sur le goût, nos Golden sont plus sucrées que ce que l’on peut trouver ailleurs. »

 

L’autre particularité est son grain de peau extrêmement fin qui en fait une pomme très fragile à travailler. Au moment des récoltes, Cédric est à l’affût du moindre geste brusque des saisonniers. « Il faut les manipuler comme des œufs, il suffit d’un à-coup lorsqu’on les transvase du panier en osier aux palettes et c’est tout le lot qu’il faut jeter à la poubelle. ».

 

Les exploitants, producteurs de génération en génération, sont depuis longtemps déterminés à défendre les couleurs de leur région et à en faire reconnaître les spécialités. La famille Massot est l’une de ses ferventes défenseuses. Ainsi, en 1998, convaincu que seules l’union et la solidarité entre producteurs pouvaient permettre de se faire une place sur un marché de la pomme particulièrement concurrentiel, le père de Cédric a créé Alp’Union. « Mon père est un battant, il a toujours cherché des solutions aux problèmes qui se posaient. » Ainsi l’arrivée de son fils à la tête de l’exploitation est une aubaine. Rassuré de savoir la production entre de bonnes mains, Patrick peut dès lors s’occuper de développer en parallèle une station fruitière et le commerce familial. « Chacun dans notre métier, nous gardons notre vision de ce vers quoi doit tendre le métier si nous souhaitons vendre les meilleures pommes possibles. »

De son côté, le cheval de bataille du fils est de tendre vers une agriculture écologiquement responsable. Il a rejoint Dephy, l’un des réseaux de réflexion dont le but est de proposer des pistes pour assainir au maximum les productions. Dans les vergers de Cédric, les chemins sont enherbés pour permettre aux prédateurs naturels de s’installer et de repousser les nuisibles sans user de produits phyto. De même que la pousse des fruits est boostée naturellement par la coupe des gourmands, branches intérieures, pour laisser la lumière s’infiltrer au cœur de l’arbre.

 

Une recherche d’excellence qui paie puisqu’aujourd’hui une part croissante de leur production est destinée à l’exportation. « L’une de nos fiertés est de savoir que nous sommes arrivés à rendre nos Golden des Alpes mondialement connues et réclamées à l’international. »

Une pomme juteuse et ferme avec un bel équilibre entre acidité et sucre. Au palet, des arômes de sucre de canne, de vanille et une acidité vivace qui rappelle le bonbon. Son odeur évoque une promenade dans le verger.