CAILLES DE CHALLANS IGP LABEL ROUGE
A quelques kilomètres du littoral vendéen, le pays de Challans se laisse bercer par les vents marins. Le passé de cet ancien port de la médiévale « Baie de Bretagne » se devine encore aux lignes de démarcation entre marais et bocages. Aujourd’hui nombre de cigognes en font leur refuge de prédilection mais la région est historiquement réputée pour ses fermes de canards et volailles. Son climat tempéré et ses terres hostiles aux cultures se prêtant volontiers à l’aviculture.
Subrepticement, dans les années cinquante, au cœur de la petite ville de Maché s’est développé un nouveau type d’élevage. Sollicité par les chasseurs de la région, M. Barotin le directeur de l’un des trois abattoirs de la ville, commence à produire localement plusieurs espèces de gibiers dont la caille. Appréciée pour sa chair fine et goûteuse, pratique et facile à cuisiner, la petite volaille est de plus en plus demandée par les restaurateurs environnants.
En parallèle sa production elle, est restée longtemps confidentielle, concentrée entre les mains de quelques rares éleveurs. En 1989, Eric Bonhommeau sera l’un des premiers sur Challans à rejoindre ce cercle fermé.
Lorsqu’il s’associe à son père en 1983, l’exploitation familiale est tournée vers le bovin mais l’animal ne séduit pas le jeune agriculteur. Quelques années plus tard, inspiré par les producteurs alentours, Éric introduit quelques espèces de volailles dont la spécialité du terroir, le typique poulet noir fermier, puis peu à peu de nouvelles espèces comme les cailles, qui seront finalement ses favorites.
Appréciée pour sa chair fine et goûteuse, pratique et facile à cuisiner, la petite volaille est de plus en plus demandée par les restaurateurs environnants.
« J’ai très vite aimé ces petites bêtes. C’est un gibier mais la caille n’est absolument pas farouche comme la pintade qui elle a gardé son caractère très fuyant. Dès que je rentre dans l’enclos, elles viennent me voir, me tournent autour. Elles sont très attachantes, très curieuses, c’est vraiment ce qui m’a plu dans leur personnalité, elles sont sociables. Et comme j’ai pour habitude de travailler seul, ça me fait de la compagnie !
En plus c’est une production facile que l’on peut suivre en autonomie. Au début ça demande beaucoup d’attention, à la réception des cailleteaux d’un jour, ils ont à peine la taille d’un pouce. Il faut alors beaucoup de surveillance mais très vite ça offre beaucoup de liberté. »
Une activité qui sied parfaitement au fervent randonneur. « Cette race rustique est à croissance lente. Ici la durée d’élevage est plus de deux fois supérieure aux productions standards ou industrielles. Entre deux élevages de 42 jours, j’ai le temps de programmer des semaines de marche. L’été dernier j’ai parcouru les Pyrénées avec mon groupe de passionnés. J’aime vivre en plein air toute l’année, être en harmonie avec la nature, c’est donc logique que je choisisse la même chose pour mes animaux ».
Ici la durée d’élevage est plus de deux fois supérieure aux productions standards ou industrielles
A la ferme de la Basse Gluminière, toutes les volières sont en extérieur avec un parcours herbeux et un accès au bâtiment pour se protéger du froid. A l’intérieur, les lumières sont entièrement naturelles et la litière composée de copeaux de bois pour leur permettre de reproduire leurs instincts grégaires. « D’instinct elles aiment gratter, s’enfouir, se poudrer… c’est pourquoi une bonne litière participe à leur bien-être. De la même manière, on leur fournit une alimentation 100% végétale dont 75% minimum de céréales »
Le choix d’adhérer au groupement de producteurs Label Rouge coule de source. « Nous sommes près d’une centaine d’agriculteurs engagés sur Challans. Le Label Rouge, c’est un gage de qualité pour le consommateur et de notre côté c’est la garantie d’avoir des revenus suffisants pour continuer à produire en respectant le bien-être animal et notre environnement. L’éleveur doit ressentir l’animal, ça fait partie de son éthique professionnelle. »
Éric habite dans un lieu tout proche de ses volailles. « C’est important de pouvoir les écouter de jour comme de nuit comme ça je suis alerté dès qu’il se passe quelque chose, comme l’approche d’un renard par exemple. »
Le groupement c’est aussi une solidarité qui permet aux producteurs de s’entraider quand le besoin se fait sentir. Lorsque nous demandons à Éric sa vision des prochaines années, il nous avoue n’avoir qu’une chose en tête, transmettre tout ce qu’il a construit. Sans successeur familial, dans cinq à six ans Éric devra trouver un jeune repreneur et compte sur l’aide du groupement pour y parvenir.
Par chance, la région est accueillante et très appréciée des nouveaux producteurs qui y sont bien intégrés. « C’est décisif de transmettre mon outil à un jeune, il le faut si l’on souhaite maintenir une certaine dynamique dans la région. Il en va de l’avenir de la profession mais également du groupement des producteurs de volailles de Challans. »
Profil sensoriel de la caille de Challans
D'aspect blanc brillant, la chair est juteuse.
Domine un goût de maïs, mêlé aux champignons, des notes minérales viennent animer la fin de bouche.