RIZ BIO DE CAMARGUE
Au cœur de la Camargue, là où les eaux du Rhône caressent tendrement les terres avant d'embrasser la mer, se trouve le domaine Sainte-Cécile. Au nord de l’étang du Vacarès, se dresse fièrement ces parcelles de terre qui témoignent de l'harmonie entre la nature et l'agriculture. C'est dans cette intersection poétique entre la route du Mas d’Agon et le chemin de Sainte Cécile, près d'Arles, que la famille Mégias poursuit une tradition agricole emblématique de la région : la culture du riz.
Le domaine, baigné par un climat doux et tempéré, jouit d'un environnement exceptionnel, entre marais et parc naturel, sous un ciel souvent bleu. La Camargue, plate et sauvage, offre un spectacle où la terre et l'eau se mêlent, créant des conditions idéales pour la riziculture. Cette région unique, irriguée par le Rhône et son réseau de canaux, bénéficie d'une méthode de culture permettant de limiter les remontées de sel, préservant ainsi la fertilité des terres.
Menée par Corinne et son époux, avec leurs enfants envisageant de poursuivre cette noble quête, la famille Mégias représente la symbiose parfaite entre le passé, le présent, et un avenir durable. Leur histoire n'est pas juste celle d'une exploitation agricole ; c'est le récit d'une transition, marquée par l'innovation, profondément enracinée dans les pratiques écologiques et respectueuses. Ils ont su adapter leurs méthodes au fil du temps, tout en préservant l'essence de ce qui fait le riz de Camargue, véritable empreinte de la région. Corinne Mégias, avec la passion qui anime sa famille, partage l'histoire de leur riz biologique et évoque à la fois leur produit et leur pratique agricole distinctive.
La véritable magie opère avec l'arrivée des canards dans les rizières, au moment où le riz commence à s'épanouir.
Au printemps, vers le 25 avril, commence dans les champs de la famille Mégias, un ballet délicat et précis : le semis à sec. Les graines de riz sont enfouies délicatement sous 5 centimètres de terre fraîche, un geste ancestral qui favorise une germination en douceur, loin des assauts du soleil et de la sécheresse. Cette première étape cruciale assure que le riz pourra prendre racine dans un environnement optimal, prélude à une saison de croissance sous les auspices d’une Camargue bienveillante.
Environ dix jours après ce semis, quand les jeunes pousses de riz émergeront timidement, elles seront accueillies par un second acte de cette symphonie agricole : l’inondation des parcelles. Attendant que le riz atteigne le stade de trois feuilles, les agriculteurs libèreront l’eau dans les champs, une manœuvre stratégique visant à submerger les mauvaises herbes sans nuire aux jeunes plants.
Mais la véritable magie opère avec l'arrivée des canards dans les rizières, au moment où le riz commence à s'épanouir. Ces fidèles alliés de la famille Mégias, introduits au stade de la montaison, jouent un rôle crucial dans le maintien de l'équilibre écologique. Non seulement ils contribuent à éliminer les mauvaises herbes en les asphyxiant sous l'eau, mais leur présence aide aussi à fertiliser naturellement le sol, enrichissant ainsi la terre de leurs précieux nutriments. Cette eau, cadeau du Rhône, voyage à travers un réseau de canaux, filtrée naturellement par les roseaux, jusqu’à envelopper les rizières d’un manteau protecteur. Bien plus qu’une simple irrigation, cette technique de désherbage naturel, en privant les indésirables d’oxygène, laisse le champ libre au riz pour s’épanouir. Une méthode, développée par Bernard Poujol, agriculteur pionnier maintenant à la retraite, capture la sagesse de la terre et de l’eau. Elle assure une harmonie entre l’agriculture et l’écosystème camarguais, produisant un riz d’exception, symbole de vie et de fertilité.
L'agriculture biologique est le fruit d'une conviction profonde et d'une vision à long terme pour leur exploitation et pour la planète.
La tradition du riz dans cette région, introduite par les familles italiennes fuyant le fascisme, s'est enracinée dans le paysage et dans les cœurs. La Camargue, devenue un carrefour de cultures, se reflète dans les variétés de riz cultivées par la famille : l'Albatros, semi complet long, le Risrus, riz rouge, et le Ronaldo, variété polyvalente et prisée. Ces grains, témoins de la richesse du terroir, offrent des saveurs uniques, rehaussées par une méthode de conservation que les Mégias sont les seuls à proposer dans la région : le stockage en silos en bois maintient un niveau d'humidité idéal, ce qui empêche le grain de se déshydrater et de perdre ses nutriments essentiels. Le résultat est un riz qui, une fois cuit, révèle une texture onctueuse à l'extérieur et craquante à l'intérieur, et un goût rappelant celui du pain frais sorti du four.
Le choix de la famille Mégias de se tourner vers l'agriculture biologique est le fruit d'une conviction profonde et d'une vision à long terme pour leur exploitation et pour la planète. Les défis liés à cette transition, après des années de culture conventionnelle, soulignent leur engagement envers un modèle agricole plus sain et durable. Grâce à leur persévérance, ils ont su développer une approche autonome, valorisant leur méthode et leur terroir.
Au cœur de leur démarche, un fervent militantisme pour l'autonomie agricole, non seulement au sein de leur propre exploitation, mais également parmi les agriculteurs de leur région. Convaincus que le futur de l'agriculture réside dans une plus grande indépendance, ils ont investi dans un atelier de conditionnement pour ne plus dépendre de prestataires extérieurs, un choix audacieux qui symbolise leur engagement. Cette installation leur permet de maîtriser l'intégralité du cycle de production, de la semence au grain de riz prêt à être savouré, tout en offrant aux agriculteurs locaux l'accès à leurs infrastructures de transformation. En partageant leurs connaissances et leurs ressources, ils inspirent et soutiennent les agriculteurs voisins afin qu'ils empruntent le même chemin vers l'autonomie, créant ainsi un écosystème agricole résilient et solidaire.
En agissant comme catalyseurs de changement, ils espèrent initier une révolution douce dans les pratiques agricoles.
Ainsi au domaine Sainte-Cécile, chaque grain de riz porte en lui l'histoire d'une terre nourrie par l'eau et le soleil, d'une famille animée par la passion et le respect de la nature, et d'une communauté engagée pour un avenir plus vert. Plus qu'un produit, c'est le fruit d'un équilibre délicat entre tradition et innovation, entre l'homme et son environnement.
Dans cette Camargue, où le temps semble suspendu, la famille Mégias continue d'écrire l'histoire du riz, une histoire où chaque parcelle cultivée est un tableau vivant, où chaque canard contribue à la poésie du paysage, et où chaque grain de riz est une invitation à redécouvrir les saveurs authentiques d'un terroir exceptionnel. En agissant comme catalyseurs de changement, ils espèrent initier une révolution douce dans les pratiques agricoles, faisant du domaine Sainte-Cécile un modèle d'innovation et de durabilité, où chaque action sème les graines d'un avenir plus prometteur pour la terre et ses cultivateurs.